FLARE (CANADA) - avril 2011
Changer la donne


Michelle Monaghan a maîtrisé l’art de balancer entre une carrière très en vue et une existence discrète. Mais avec Source Code ce mois-ci, tout est sur le point de changer.


Michelle Monaghan est dans une cabine du restaurant de Gordon Ramsey à l’hôtel London West Hollywood, riant bruyamment. C’est quelque chose que la jolie et approchable actrice brune, qui donne la réplique à Jake Gyllenhall dans le thriller de science-fiction Source Code, fait beaucoup. Et quand elle rit, c’est à gorge déployée. Elle voûte les épaules, jette la tête en arrière et laisse aller. Il n’y aucune prétention, aucun artifice.

En dépit de l’impressionnante liste de films connus, les clients du restaurant qui jettent occasionnellement un coup d’œil le font plus avec un « Nous sommes-vous déjà rencontrés ? » qu’un « C’est Michelle Monaghan ! ». Vous voyez, Monaghan, 35 ans, occupe une place inhabituelle à Hollywood. Elle a joué dans des blockbusters avec les acteurs d’Hollywood les plus sexys et a été en compétition pour des rôles avec Scarlett Johansson, Katie Holmes et Claire Danes, pour en nommer quelques unes. Mais en dépit de tout cela, Monaghan a quelque chose que ces filles n’ont pas : un relatif anonymat. Et elle aime que ce soit ainsi.

L’histoire de Monaghan n’est pas si inconnue. Elle a été élevée dans une petite ville des Etats-Unis, Winthrop dans l’Iowa, pour être exact. 763 habitants au dernier recensement. Elle s’enfuit après le lycée, étudie le journalisme pendant trois ans au Columbia College de Chicago avant de prendre la direction des lumières brillantes de New York pour tenter sa chance dans le mannequinat et le cinéma. Monaghan, 1m70, fut chanceuse, décrochant des contrats à Milan, Singapour, Tokyo et Hong Kong – marchés traditionnellement réceptif aux filles moins sculpturales. C’est à cette époque qu’elle fut atteinte du virus de la mode. « J’adore la mode », dit-elle avec effusion, déplaçant son corps mince dans son jean rouge Isabel Marant et son pull chic, gris, Hache. « Je dis toujours que si j’avais un trio avec Isabel Marant et Alexander Wang, ma vie serait complète ! »

Mais le mannequinat et la mode ne furent pas assez pour Monaghan. En 2000, un an seulement après son emménagement dans la Grande Pomme, elle obtient son premier rôle, celui de la belle Caroline Busse dans la série de courte durée mais appréciée Young Americans, avec une Kate Bosworth encore peu connue à l’époque.

« J’étais très jeune, je n’avais pas d’agent… Je n’avais aucune expérience dans le métier. J’ai juste eu le travail », dit-elle, ses chaleureux yeux verts brillants sérieusement lorsqu’elle songe à sa première bonne fortune. Depuis, Monaghan a continué à gagner des rôles pour lesquels beaucoup d’acteurs tueraient. Elle obtient son premier rôle en tête d’affiche dans Kiss Kiss, Bang Bang en 2005 avec Robert Downey Jr. et Val Kilmer, et la même année, elle est avec Charlize Theron, Frances McDormand et Sissy Spacek dans L’Affaire Josey Aimes. Mais le rôle qui rendit les femmes du monde les plus envieuses arriva un an plus tard quand elle donna la réplique à Tom Cruise dans Mission : Impossible III, un film qui engrangea 395 millions de dollars dans le monde. Pas mal pour une fille qui s’autoproclame « niaise ».

« J’ai été chanceuse », dit Monaghan avec un sourire désabusé, buvant une gorgée de Sauvignon Blanc. Mais au-delà de la chance, le secret de son succès, dit-elle, c’est beaucoup de travail couplé à de l’ambition. « Je crois que parfois, les gens désapprouvent le mot ambition, mais la plupart des gens qui ont du succès l’ont parce qu’ils ont un but et… qu’ils sont tout simplement ouverts. Je suis très ouverte, très ambitieuse et je travaille dur. » Son ouverture s’est traduite par une carrière marqué par des rôles diversifiés dans des genres de films variés. En 2008, elle était la vedette, et la productrice exécutive, du film indépendant et réaliste Trucker. Son rôle de camionneuse rude et rebelle reçut l’acclamation de la critique. La même année sortait la comédie romantique Le témoin amoureux, dans lequel elle joue l’intérêt romantique involontaire et insouciant de Patrick Dempsey.

Mais comment une fille qui a couché avec Tom Cruise, été caressée par Robert Downey Jr. et tombée amoureuse de Patrick Dempsey sur le grand écran échappe à l’examen des paparazzis ? Monaghan semble l’avoir compris. « Ecoutez, ils ne savent pas où j’habite, ce qui est très important. Puis il y a juste certaines zones, certains restaurants et certaines boutiques à éviter, et je ne vais pas dans ces endroits. C’est aussi simple que ça ! » Peut-être, mais une meilleure explication pourrait être la plausibilité de Monaghan à l’écran. Elle a l’adresse de faire paraître ses personnages, eh bien, réels. Monaghan disparaît dans ses rôles, et le public est laissé avec des questions sur ses personnalités filmiques et non sur ce qu’elle a pu manger au petit déjeuner. C’est une qualité rare, et l’une de celles qui font d’elle une actrice très demandée.

Ben Affleck, qui dirigea Monaghan dans le succès critique et public Gone Baby Gone, disait dans une interview sur sa décision de prendre les acteurs : « J’ai été chargé [par Miramax, le studio derrière le film] de trouver les ‘jeunes stars les plus sexys du moment’… J’avais une liste de deux noms : Michelle Monaghan et Casey Affleck. J’ai été suffisamment chanceux pour les avoir tous les deux. »

Alors qu’on pourrait arguer que chacun des rôles à succès de Monaghan prend avantage de son charme de la fille d’à côté issue d’une petite ville, il est aussi vrai qu’elle échappe largement aux stéréotypes. « [Eviter les stéréotypes] n’a pas nécessairement été une décision consciente. Je veux vraiment essayer d’avoir une carrière diversifiée. Jouer différents rôles m’intéresse », dit-elle.

Mais son rôle le plus satisfaisant à ce jour est hors de l’écran, en tant que mère d’une petite de deux ans, Willow. Sur le sujet de sa fille, Monaghan s’illumine, faisant apparaître son sourire caractéristique aussi doux qu’une tarte aux pommes, ses joues avenantes et tâchées de rousseur rougissantes. « Elle m’a déjà appris tellement sur moi-même dans ses deux premières années. Et non seulement elle m’apporte beaucoup de joie, et j’aime juste passer du temps avec elle… mais elle me donne aussi une réelle confiance en moi en tant que femme… Décider de devenir parent sera toujours la plus grande chose que j’aurais jamais faite. Vraiment. »

Après avoir fait un caméo dans le drame de Sofia Coppola Somewhere, Monaghan sera à l’affiche de Source Code, qui raconte l’histoire d’un soldat coincé dans le corps d’un inconnu. Elle joue l’intérêt amoureux complexe bien qu’en péril du héros déterminé de Jake Gyllenhaal, et Monaghan s’extasie sur son partenaire. « Oh mon Dieu, il y a tant de bonnes choses à dire sur Jake… Il est comme la décoction parfaite faite de 50% de gentleman et 50% de mauvais garçon. Et il est vraiment drôle ! » Elle ajoute que tous deux sont devenus amis depuis. « J’apprécie quiconque me fait rire. »

Plus tard dans l’année, nous verrons Monaghan jouant avec Gerard Butler dans le film d’action Machine Gun Preacher. Le film est basé sur l’histoire vraie de Sam Childers, un ancien motard dealeur de drogues qui trouva Dieu et devint un militant pour des centaines d’enfants soldats Soudanais. Monaghan est très fière du personnage qu’elle incarne dans le film, Lynn Childers, la femme aussi pieuse et férocement engagée de Sam. « C’est une femme vraiment honorable », dit-elle.

Avant que Monaghan ne quitte le restaurant et ne rentre chez elle pour passer la soirée avec sa jeune famille, elle réfléchit sur sa place à Hollywood. « Vous pouvez dire que je suis une fille à Hollywood qui essaye de se tenir hors du moule », dit-elle, un air de conspiration, avant de rire de façon exubérante. Jusqu’ici, elle a eu beaucoup de succès. Mais comme son étoile continue de s’élever, c’est à qui devinera quand la célébrité la rattrapera. Qui rira le dernier ? On parie sur Monaghan.



Traduction par Anarya pour Sublime-Michelle.net.


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