MANHATTAN MAGAZINE (ETATS-UNIS) - janvier/février 2010
Monaghan, Solo


La petite amie sexy qui a joué avec Cruise, Dempsey et Downey, Michelle Monaghan s’en sort seule dans Trucker et se prépare à dominer les écrans de cinéma tout au long de l’année 2010.
Par David Hochman.


Michelle Monaghan nous raconte son histoire manhattanienne préférée.
« Quelques amies et moi étions dans l’une des ces rues à Meatpacking District avec les portes banalisées que seuls les habitués connaissent et où vous devez demander pour y entrer », dit-elle. Pour être honnête, c’était il y a 10 ans, quand Monaghan était encore nouvelle en ville et n’avait pas encore fait de films – ou ne s’était pas encore fait de réputation – l’opposant à Tom Cruise (Mission: Impossible III), Shia LaBeouf (L’Œil du mal), Patrick Dempsey (Le Témoin amoureux), Brad Pitt (Mr. & Mrs. Smith) ou n’importe qui d’autre.

Récemment, Monaghan a reçu des critiques dithyrambiques (et des rumeurs d’Oscar) pour son rôle de conductrice de semi-remorques dans Trucker, le plus petit des trois films dans lesquels elle apparaît cette année. Mais une décennie plus tôt, elle dit, continuant son histoire : « J’étais au milieu d’obtenir ma première publicité pour les déodorants Secret qui étaient, honnêtement, une affaire aussi grande que tout ce que j’aurais pu imaginer. »

Monaghan, 33 ans, est folâtrement menue, a d’indéfectibles yeux noisettes, de longs cheveux bruns et une façon ensoleillée et à cœur ouvert de parler d’elle. D’une manière ou d’une autre, vous la croyez quand elle dit : « Je n’étais pas sortie en un an alors c’était un peu surprenant quand ce gars est arrivé et que nous avons commencé à nous faire de l’œil l’un l’autre. »

Là encore, ça n’aurait pas du être aussi surprenant. Même à cette époque, Monaghan avait une impressionnante carrière en tant que mannequin international, payant ses factures en posant pour les catalogues Montgomery Ward après avoir signé avec un chasseur de mannequins dans son état natal de l’Iowa. (« Avec les séances photos, je veux transmettre quelque chose », dit Monaghan. « Parfois, c’est très cinématographique et élégant. D’autres fois, on se dit : vous savez quoi ? Je vais juste être une fille totalement sexy aujourd’hui. Allons-y de bon cœur. »)

Mais revenons à son histoire.
« Alors ce gars s’assoit, nous commençons à parler et ne pouvons plus nous arrêter », dit Monaghan, rougissant encore à ce souvenir. « C’était ridicule. Nous avons continué à parler et à rire jusqu’à quelque chose comme 5 heures du matin. Nous avons fini dans une pizzeria avec une bouteille de Pepsi et deux pailles. »

Monaghan est saine comme ça. La plus jeune de trois enfants (et la seule fille) née de Bob Monaghan, fermier et ouvrier d’usine, et de Sharon, qui dirigeait une garderie hors de la maison, Michelle n’était pas autorisée à sortir avec un garçon jusqu’à ses 16 ans. Elle allait à l’église chaque semaine. Une grande soirée au lycée signifiait aller à un match de football et après se promener dans sa ville natale de Winthrop, Iowa, 700 âmes. « Je suis presque sûre qu’il y avait plus de gens vivant dans mon premier immeuble à New York », rit-elle.

Elle ne porte pas de maquillage, arbore du vernis à ongles noir ébréché et est habillée simplement d’un jean délavé et d’un long T-shirt rayé manches longues, mais a toujours l’air superbe. « Je me souviens de la première fois que mes parents sont venus me voir à New York, nous marchions dans Times Square et mon père me dit : ‘Bon Dieu, je détesterais voir la facture d’électricité de cet endroit.’ »

En grandissant, Monaghan n’avait jamais imaginé vivre cette vie – et n’avait jamais pensé au cinéma. « J’avais joué dans des pièces de théâtre au lycée mais je n’ai jamais vu poursuivre dans cette voie. Je voulais être journaliste. J’adorais l’idée de rencontrer des gens. L’idée était d’être une reporter TV dans Chicago ou quelque chose du genre. »

Au lieu de cela, elle a travaillé à sa manière, passant du mannequinat à de petits rôles dans des séries ou des films (elle avait un petit rôle dans le film de 2002 Infidèle, aux côtés de richard Gere et Diane Lane) avant de décrocher le rôle de l’infirmière fiancée à Tom Cruise dans Mission : Impossible III. Ce qui changea tout.

« J’ai cette image de moi lors de ce tour du monde », dit-elle. « Nous roulions dans les rues de Rome dans un cortège de voitures avec Tom Cruise. Nous avions du aller à l’aéroport car c’était ‘atterrissage’ en 10 minutes. Je porte une robe magnifique. Les sites célèbres de Rome sont incroyables à l’extérieur. Je me dis alors : comment diable suis-je arrivée ici ? »

En même temps, elle l’a fait en ne se prenant pas trop au sérieux. Comme le dit James Morttern, qui a écrit et réalisé Trucker : « Parfois, les actrices gardent leur attitude cool ou jouent leurs cartes près de vous pour vous faire sentir décalé, ou se donner un air important. Mais avec Michelle, il n’y a pas de vanité, de morgue ou de manières. C’est comme si elle avait lu le livre pour être une actrice typique et dit : non merci, pas pour moi. »

Monaghan ajoute : « Je n’ai jamais aimé mettre trop l’accent sur tous ces trucs de carrière. Cela ne veut pas dire que je m’en fiche. C’est juste que je sais qu’être acteur est un métier, ce n’est pas ma vie. Je pense que c’est pour ça que je l’apprécie autant et c’est ainsi que je garde les choses normales dans une affaire qui peut devenir un peu folle. »

Monaghan et le gars au Pepsi ont décidé de ne pas se parler pendant une semaine.
« Nous ne voulions pas rompre la magie. Nous nous sommes dit : mettons-nous juste d’accord de nous revoir à la patinoire de Central Park à 3 heures dimanche. Je porterais un chapeau de fourrure, lui ais-je dit. Il a répondu : je porterais le plus grand sourire que ce monde n’a jamais vu. Et littéralement, comme je sortais du métro de la 59e rue, il était là qui traversait la rue. Et voilà ! » L’homme était Pete White, un graphiste australien. Le couple s’est marié en 2005 et a maintenant une fille de 14 mois, Willow.

Ils partagent leur temps entre un appartement à Greenwich Village et une maison de star des années 1920 à Los Angeles qui appartenait à Ginger Rogers autrefois. « Nous avons du refaire le revêtement du sol après l’avoir achetée et j’ai pensé : sois prudente ! Tu n’as pas idée de qui a dansé sur ces planches ! »

Tout cela paraît assez glamour pour une fille d’une ville sans feux de circulation (« Winthrop n’avait même pas de police municipale, c’est pourquoi les gens sont gentils là-bas. ») mais Monaghan dit – et là encore, vous ne pouvez que la croire – qu’il y a toujours plus d’Iowa en elle que d’Hollywood.

« Une part de moi est nerveuse d’avoir ma fille qui grandit dans un environnement urbain. Quand nous étions enfants, ma mère était toujours à la maison. Nous marchions pour aller à l’école. Nous avions toujours de la famille autour. Mais le monde que nous faisons pour notre fille n’est pas tellement différent, d’une étrange manière. C’est plein d’amour. Nous rions tout le temps. La plupart de mes avis ne sont pas dans le show business. Et parce que mon mari travaille à domicile, il est tout le temps là. »

C’est une approche différente de la parentalité que dans Trucker. Monaghan joue Diane Ford, une camionneuse solitaire, au franc-parler (OK, donc c’est un film) qui doit piler net quand son ex-fils de 11 ans est abandonné devant sa porte. Le road trip émotionnel qui suit est alimenté principalement par la performance assurée de Monaghan, qui se distingue d’une suite de rencontres amoureuses. Le film a petit budget a été tourné en 19 jours mais Monaghan, qui a conduit avec des routières et a obtenu son permis de conduire en préparation du rôle, dit : « J’y ai travaillé mentalement pendant un an avant de commencer le tournage. Je ne voulais pas offenser ou perdre le respect des ces femmes qui font réellement ce travail pour vivre. »

J.J. Abrams, qui la dirigea dans M:I3 dit que c’est sa détermination qui l’a aidé à faire de ses débuts de réalisateur un tel succès. « Elle est partie de rien, dit-il. Elle était prête – et en mesure – d’essayer tout ce qui pourrait rendre une scène meilleure. »

Monaghan apparaîtra aussi cette année dans Due Date, une comédie du réalisateur de Very Bad Trip, Todd Phillips, aux côtés de Robert Downey Jr. et Zach Galifianakis. Elle joue la femme enceinte de neuf mois que Downey essaye de rejoindre le plus rapidement possible. Monaghan et Downey ont travaillé pour la première fois ensemble dans Kiss Kiss Bang Bang en 2005, une comédie noire sur Hollywood, une perle parmi les films de geeks.

« C’est toujours un plaisir de travailler avec Robert mais ça peut être intimidant. Quelques secondes avant notre première scène dans Kiss Kiss, il s’est tourné vers moi et m’a dit : on s’en fout du script, improvisons ! J’ai pensé : OK. Comment je fais pour ne pas avoir l’air d’une complète idiote ? »

Monaghan joue aussi dans Somewhere, le prochain film de Sofia Coppola à propos d’un acteur (Stephen Dorff) vivant dans le célèbre hôtel Château Marmont. Dans le même genre que Trucker, il doit changer de cap après que sa fille de 11 ans débarque pour une visite surprise. « C’est tellement spécial de travailler avec Sofia, dit Monaghan. On se sent comme si on l’on était entré dans un monde secret, calme, doux et magnifiquement fragile. »

Monaghan est plus terre-à-terre que ça. « J’étais probablement dans le garage de vente de vêtements ou des vêtements que ma mère me faisait jusqu’à mes 13-14 ans, dit-elle, et j’aime encore aller voir l’Armée du Salut quand je retourne dans l’Iowa. » Elle y a récemment trouvé un véritable sac Chanel – « avec l’or matelassé, la chaîne et tout » – pour trois dollars. Ce qui ne veut pas dire que Monaghan n’aime pas la haute couture. « Pour sortir, je porte du Alexander Wang, dont les vêtements ont cette atmosphère énervée, ou Isabel Marant, qui est pour moi son homologue français. Oh, et j’adore Calvin Klein et Roland Mouret et… »

Elle s’arrête et sourit car elle sait que ça commence à devenir un peu trop too much. « Mais une robe est juste une robe, vous savez ? » dit-elle et vous la croyez encore. « Les choses importantes dans la vie ne changent pas juste parce que vous pouvez vous permettre d’acheter en dehors du catalogue Sears [NDT : équivalent américain de La Redoute ou les 3 Suisses]. »



Traduction par Anarya pour Sublime-Michelle.net.


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